Banque communautaire de céréales : un filet de sécurité alimentaire sociale potentiel pour la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, RELUFA.

En Octobre 2016, RELUFA a commis une œuvre intitulée : ” Banque de céréales communautaire : potentiel filet social de sécurité alimentaire pour la Région de l’Extrême-Nord du Cameroun “. La rédaction de ce rapport s’est appuyée sur un projet mis en œuvre par RELUFA, celui des banques communautaires de céréales. En effet, les banques de céréales sont considérées comme un filet de sécurité sociale qui peut aider les communautés à mieux résister aux bouleversements climatiques et économiques.

D’emblée, RELUFA a présenté la situation d’insécurité alimentaire dans la région de l’Extrême-Nord, accentuée par l’arrivée massive de réfugiés du Nigéria fuyant les exactions du groupe terroriste Boko Haram. Cette partie du Cameroun connaît de nombreuses crises alimentaires liées à de faibles rendements agricoles, en grande partie dus aux variations climatiques. Ces aléas climatiques et sécuritaires justifient l’adoption de stratégies de lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire, telles que la banque communautaire de céréales.

En réponse à l’inefficacité des marchés alimentaires locaux, qui se manifeste par la spéculation affectant les communautés de cette région, RELUFA a choisi les banques de céréales comme filet de sécurité sociale. En outre, le système de banques de céréales a été choisi en raison du caractère saisonnier de la famine et de la vulnérabilité de la région aux catastrophes et autres situations d’urgence (inondations, sécheresse, incursions de Boko Haram, etc.).

Le système de fonctionnement des banques de céréales de RELUFA, tel que décrit dans le rapport, consiste à acheter du mil de contre-saison sur les marchés locaux pendant la période de récolte, dans le but d’éviter la spéculation et de rendre les céréales disponibles pendant la période de soudure. Ces banques céréalières se caractérisent également par un système d’emprunt pendant la période de soudure et de remboursement avec un petit montant d’intérêt en nature pendant la période de récolte. La stratégie des banques communautaires de céréales est de répondre à la demande de céréales pendant le mois le plus difficile (août) et d’obtenir le remboursement entre octobre et décembre (pour le sorgho de saison des pluies) et entre février et avril (pour le millet de contre-saison). RELUFA place les femmes au cœur du système des banques de céréales, en créant essentiellement des groupes de femmes pour gérer les banques de céréales.

En outre, le rapport présente les impacts du système de banques de céréales sur les populations suite à une évaluation réalisée par l’organisation en juillet 2016. Les banques de céréales ont entraîné une modification de l’offre de céréales. Ils ont notamment permis de réduire la faim, d’augmenter le taux de scolarisation, de fournir des soins médicaux aux malades, de limiter l’exode rural et de consolider une main-d’œuvre agricole solide. Le système des banques de céréales a également permis la construction d’entrepôts de stockage pour la conservation et la consommation rationnelle des denrées alimentaires. Enfin, les banques de céréales ont permis de renforcer les liens sociaux par une plus grande collaboration entre les villageois et le développement d’initiatives de réflexion sur les problèmes du village.

Le rapport évalue également les points forts du système de banque de céréales de RELUFA, à savoir : l’importance accordée aux communautés, l’implication des femmes dans la gestion des greniers communautaires, l’existence de normes de comportement et la formation des comités de gestion, l’implication d’autres acteurs tels que les autorités traditionnelles et les responsables du GIC coton, sans oublier la capacité des communautés à gérer le projet sans appui extérieur, grâce à leur maîtrise du processus de déstockage et de réapprovisionnement et de l’entretien de l’entrepôt. L’appropriation du système des banques de céréales par la population locale a largement contribué au succès des banques de céréales. En effet, les communautés locales ont créé des champs communautaires, des stratégies de collecte et de remboursement des stocks de céréales, etc.

Malgré ces points forts, le rapport a mis en évidence les défis auxquels RELUFA est confrontée. Il s’agit notamment du problème de remboursement lié aux faibles rendements agricoles et à l’aléa moral, et de la nécessité de promouvoir le volontariat parmi les membres des comités de gestion afin de les encourager et d’éviter les abus et les détournements. La mise en place d’un mécanisme de suivi et de contrôle externe des banques de céréales et la mobilisation de ressources financières pour étendre le système des banques de céréales à l’ensemble de la région de l’Extrême-Nord constituent d’autres défis à relever.

En vue de renforcer la durabilité du système des banques de céréales, RELUFA a proposé les actions suivantes : continuer à approvisionner les communautés en fonction de leurs besoins quantitatifs et qualitatifs, apporter d’autres formes d’appui aux communautés locales en matière d’irrigation, de fertilisation des sols, d’accès au crédit agricole à travers le système de warrantage, mettre en place un mécanisme indépendant et transparent d’audit des banques de céréales, etc.

En définitive, les banques de céréales constituent un filet de sécurité sociale potentiel pour la sécurité alimentaire dans l’Extrême-Nord du Cameroun. Ils contribuent à réduire la faim et à développer le capital humain. Les banques communautaires de céréales dans les zones cibles de RELUFA ont un impact positif à la fois sur la sécurité alimentaire et sur la capacité à s’adapter au changement climatique et à d’autres difficultés économiques. Le système des banques de céréales est une stratégie appliquée depuis longtemps dans presque tous les pays sahéliens d’Afrique et qui a porté ses fruits. RELUFA doit être félicité pour avoir réussi à mettre en œuvre un tel projet dans des zones critiques du Grand Nord. Malgré ce succès, il reste beaucoup à faire dans cette région, qui connaît encore des niveaux élevés d’insécurité alimentaire.

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