Mise en œuvre des lignes directrices chinoises dans le secteur extractif camerounais : un long chemin à parcourir

Le Cameroun a fait des ressources extractives l’un des leviers de croissance nécessaires pour atteindre son objectif de devenir un pays émergent d’ici 2035. À cette fin, elle a fait de la Chine, deuxième économie mondiale, l’un de ses partenaires privilégiés dans l’exploitation des ressources naturelles. Ce partenariat est activement perceptible dans l’exploitation des hydrocarbures et des mines. Un coup d’œil sur l’activité minière artisanale semi-mécanisée au Cameroun montre également que le secteur est très prisé par les entreprises de l’Empire du Milieu. Le cas du minerai de fer de Kribi, pour lequel le groupe SINOSTEELCAM S.A. détient un permis d’exploration, et l’intérêt porté à l’exploitation du nickel et du cobalt à Lomié en sont des exemples illustratifs. En outre, dans les zones reculées des régions de l’Est et de l’Adamaoua, plusieurs entreprises chinoises sont présentes et actives dans l’exploitation de mines d’or, de diamants et d’autres minerais.

Pour les investissements chinois à l’étranger, une ligne directrice officielle a été définie par l’État chinois dans le but de réglementer les investissements chinois et les opérations minières. Ces lignes directrices sur les investissements chinois à l’étranger, élaborées par la Chambre de commerce chinoise des métaux, des minéraux et des produits chimiques (CCCMC), devraient s’appliquer dans le territoire d’accueil, notamment au Cameroun. Il s’agit en particulier des documents publiés par l’association industrielle pour promouvoir le développement durable des investissements et des opérations commerciales de l’industrie minière chinoise. Au vu de la pratique sur le terrain, on est tenté de se demander si ces lignes directrices sont toujours respectées par ces entreprises.

Selon les lignes directrices, les investissements et les opérations doivent être conformes, d’une part, aux lois et règlements applicables en Chine et dans les pays d’accueil et, d’autre part, aux normes minimales de l’industrie minière. En d’autres termes, les entreprises chinoises sont tenues de respecter les réglementations en vigueur en Chine et au Cameroun. As a reminder, la Loi N°2016/017 du 14 décembre 2016 portant Code minier du Cameroun, constitue la base légale ou normative en vigueur, pour la pratique de l’activité minière au Cameroun. Ce code ayant intégré des initiatives internationales de gouvernance telles que l’ITIE et le système de certification du processus de Kimberley, les entreprises chinoises sont également tenues de se conformer à ces normes minimales.

L’un des points importants soulevés par les lignes directrices chinoises en matière d’investissement minier est l’adhésion à des pratiques commerciales éthiques, en particulier celles selon lesquelles ” les entreprises devraient mettre en œuvre et maintenir des pratiques commerciales éthiques et des systèmes de gouvernance d’entreprise, éliminer toute forme de corruption, adhérer à des pratiques d’exploitation équitables, évaluer toutes les opérations au regard de leur impact sur le développement durable et veiller à ce que toutes les opérations contribuent au progrès économique, environnemental et social “.

Pourtant, les communautés locales des régions de l’Est et de l’Adamaoua paient le prix de leur proximité avec les exploitations minières des sociétés chinoises sous la forme d’une prostitution croissante, d’une sous-éducation endémique, de maladies sexuellement transmissibles, de conditions de travail déplorables et des accidents du travail qui en résultent. Les populations locales vivent dans une extrême pauvreté. Plusieurs journaux font état quotidiennement de problèmes d’indemnisation.

En fin de compte, les entreprises chinoises ont du mal à se conformer à ces lignes directrices et à d’autres normes internes prescrites au niveau international au Cameroun. Pourtant, lorsqu’elles opèrent dans les pays développés, elles respectent scrupuleusement les lois et réglementations de leur pays d’accueil. Cela soulève des questions sur l’état de la gouvernance dans les pays en développement, et en particulier au Cameroun.

Par Prosper KOUAYEP

Join our community 👋

Sign up to receive oawesome content in your inbox, every month.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut
0 Partages
Tweetez
Partagez
Partagez