Par Jaff Bamenjo
Pendant plusieurs années, le Cameroun était considéré comme un havre de paix dans la sous-région de l’Afrique centrale, déchiré par les conflits, mais la situation a radicalement changé. Les vulnérabilités internes inhérentes susceptibles de mettre en péril cette paix illusoire ont toujours été présentes. L’une de ces vulnérabilités était les plaintes concernant la marginalisation perçue par la population anglophone des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun. En 2016, les anglophones, qui constituent 20 % de la population camerounaise, ont élevé la voix pour dénoncer leur marginalisation au sein de la République du Cameroun. Tout ceci trouve son origine dans l’histoire coloniale du pays, qui lui a apporté un double héritage culturel de la France et de l’Angleterre. Bien que l’anglais et le français soient les deux langues officielles, la conduite des processus administratifs se fait en français sans traduction systématique en anglais, parmi de nombreuses autres questions litigieuses, ce qui constitue un danger pour la cohabitation des deux cultures coloniales. La réponse brutale du gouvernement aux manifestations pacifiques des anglophones en 2016 a entraîné l’émergence de groupes armés qui ont combattu l’armée. Les conséquences des combats sont inquiétantes. Outre les nombreux décès déjà enregistrés, le conflit armé fait de nombreux déplacés et réfugiés qui ont fui leurs villages de ces deux régions à la recherche de sécurité dans d’autres villes du pays. Les agences humanitaires estiment que plus de 700 000 personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays en raison de la crise.
La quête perpétuelle de la paix
Les conflits sont porteurs de faim et de pauvreté. La situation actuelle dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun illustre parfaitement cette affirmation. L’histoire de Mme Njong Gladys, une femme de 37 ans originaire du village de Batibo, dans la région du Nord-Ouest du Cameroun, qui est une personne déplacée à l’intérieur du pays et qui vit à Douala, montre bien comment les conflits peuvent exacerber la faim et la pauvreté. En 2018, le village de Gladys a été attaqué par des soldats.
Elle a réussi à s’enfuir dans la brousse avec ses enfants. Mme Gladys s’est ensuite réfugiée avec ses trois enfants à Douala, la capitale économique du Cameroun. Au village, sa vie était plutôt agréable, car elle était une agricultrice prospère qui cultivait des produits alimentaires et de rente comme les bananes plantains, les noix de palme et le cacao.
Grâce à l’agriculture, elle a obtenu suffisamment de nourriture pour nourrir sa famille et suffisamment d’argent grâce à la vente de cacao et d’huile de palme. Elle a généré suffisamment de revenus pour acheter une voiture à sa famille et n’a jamais connu la faim ou la pauvreté de sa vie. Avec le conflit armé actuel et son déplacement du village vers la ville, elle a abandonné ses fermes et vit maintenant dans une maison de deux chambres avec 11 autres personnes. Elle éprouve des difficultés à envoyer ses enfants à l’école, à payer le loyer, les factures médicales et à nourrir sa famille. L’histoire de Glory n’est qu’une parmi des milliers d’autres histoires similaires de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays qui traversent cette épreuve.
Grâce à l’agriculture, elle a obtenu suffisamment de nourriture pour nourrir sa famille et suffisamment d’argent grâce à la vente de cacao et d’huile de palme. Elle a généré suffisamment de revenus pour acheter une voiture à sa famille et n’a jamais connu la faim ou la pauvreté de sa vie. Avec le conflit armé actuel et son déplacement du village vers la ville, elle a abandonné ses fermes et vit présentement dans une maison de deux chambres avec 11 autres personnes. Elle éprouve des difficultés à envoyer ses enfants à l’école, à payer le loyer, les factures médicales et à nourrir sa famille. L’histoire de Glory n’est qu’une parmi des milliers d’autres histoires semblables de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays qui traversent cette épreuve.
Les guerres et les conflits provoquent la dévastation et chassent des millions de personnes de leur foyer vers la faim et la pauvreté, autant de raisons pour la paix d’être. Cette année, la Journée internationale de la paix a été célébrée le 21 septembre 2023 sur le thème “Actions pour la paix : notre ambition pour les objectifs mondiaux” : Notre ambition pour les objectifs mondiaux”.
Si les solutions durables au conflit doivent être l’affaire de tous, nous ne pouvons ignorer les besoins immédiats des personnes touchées par les conflits armés et déplacées de leur domicile, ce qui perturbe leurs sources de revenus, en particulier lorsque des solutions durables ne sont pas envisagées, comme dans le cas du conflit armé en cours dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun. Garantir aux personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays des produits alimentaires et non alimentaires de première nécessité ainsi qu’un accès aux services essentiels peut leur apporter un soulagement temporaire.
Répondre aux besoins des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays.
RELUFA a travaillé avec certains partenaires pour répondre aux besoins des personnes déplacées dans certaines villes du Cameroun. L’un de ses partenaires est la Fondation Fu’ a Toula Kadji Defosso (KDF). En collaboration avec RELUFA, la Fondation Kadji a conçu un projet de solidarité pour soutenir les personnes affectées par le conflit au Cameroun. La première vague de ce soutien menée en 2021 s’est déroulée dans sept villes du Cameroun. La deuxième phase est en cours et ciblera les personnes déplacées dans 8 villes du Cameroun. Les bénéficiaires de cette distribution alimentaire et non alimentaire sont à la fois directs et indirects. Au total, 536 familles représentant un total de 3 216 bénéficiaires finaux ont reçu une aide sous forme d’articles tels que – 01, un sac de farine de 50 kg.
01 sacs de riz de 25 kg – 02 paquets de pâtes “Panzani” de 5 kg chacun (10 kg) – 04 petits bassins – 01 cartons de 15 bouteilles de 1 litre d’huile de cuisine Azur et Nina – 05 kg de sucre – 02 kg de Tapioca ou garri dans certains cas – 01 cartons de sardines (50 sardines) – 01 cartons de jambons et de poulets, (24 boîtes) – 01 cartons de biscuit – 04 palettes de jus UCB avec (6) bouteilles de jus par palettes, c’est-à-dire 24 bouteilles de jus de fruits,soit 24 bouteilles de jus.
Conclusion
Le projet de solidarité mis en œuvre par le RELUFA en collaboration avec la Fondation Kadji pour soutenir les personnes déplacées à l’intérieur de leur pays est une initiative bienvenue de la part des bénéficiaires. Idéalement, la solution urgente reste les efforts pour traiter les causes profondes du conflit armé afin que la paix et la justice puissent régner, et que les personnes déplacées puissent retourner dans leurs villages et leurs fermes. Cependant, alors que des solutions à long terme sont recherchées, l’aide d’urgence pour les besoins de base tels que la nourriture, le logement, l’éducation et les soins de santé reste primordiale. Être riche n’est pas toujours synonyme de générosité, mais être riche et généreux signifie que l’on a un cœur compatissant. C’est précisément ce que la Fondation Kadji Defosso a démontré par le biais de son initiative de solidarité en faveur des personnes déplacées à l’intérieur du Cameroun. Ils ont une nature bienveillante.