En mai, dans le cadre de la poursuite des sessions de renforcement des capacités des communautés riveraines des projets agro-industriels et miniers visés par le projet de Renforcement de la Transparence et de la Participation dans la Gestion des Ressources Naturelles, les populations du département de la Haute Sanaga ont bénéficié de ces sessions. Les bénéficiaires étaient les habitants des villages d’AKAK, BIWONG, BOUNDJOU, EKANGA1, MENGANG et NKOAMBANG, qui vivent à proximité de la concession foncière en cours d’attribution à la société chinoise Sino Cam Iko Agriculture, dans le district de Nanga-Eboko.
Pour rappel, l’objectif était de doter ces femmes de compétences et de connaissances leur permettant de mieux défendre leurs intérêts lors des transferts de terres à des investisseurs pour l’agro-industrie et l’exploitation minière dans leurs localités.
Pendant trois jours, des modules sur le rôle et les responsabilités du citoyen, la veille citoyenne, les notions de base des droits fonciers communautaires, les obligations contractuelles des entreprises envers les communautés, la dynamique de groupe et le plaidoyer local ont été enseignés.
À la fin de la formation, le sentiment de satisfaction exprimé par tous les bénéficiaires s’est traduit par leur ferme volonté de défendre leurs intérêts avec les ressources et les outils qu’ils ont acquis.
En conséquence, un certain nombre d’initiatives encourageantes ont été prises. Il s’agit notamment de la recherche de documents tels que les protocoles d’accord ou les contrats signés entre les entreprises et le gouvernement, les permis d’exploitation de carrières accordés, les cahiers des charges et les procès-verbaux des différentes commissions consultatives qui se sont réunies pour délimiter les zones. Il convient de souligner que ces documents contiennent des informations d’une importance cruciale pour eux, notamment les zones concédées ou à concéder, les emplacements exacts, les projets envisagés ainsi que leurs durées et les obligations contractuelles des entreprises installées ou bénéficiaires desdites concessions dans leurs localités vis-à-vis d’elles.
A ces initiatives s’ajoute la mobilisation de ressources pour l’obtention de textes fonciers et miniers tels que le Régime foncier et domanial, le Code minier 2016, ainsi que la multiplication des supports de formation à leurs frais… . Cet ensemble d’actions inédites initiées par la population locale témoigne de sa forte prise de conscience de l’importance d’une bonne information pour la veille citoyenne.
Le 21 mai et le 11 juin, ils ont également tenu deux réunions pour discuter de la création d’une association pour les six villages riverains du projet agro-industriel Nanga-Eboko de la société chinoise IKO. L’association, en cours de création, agira en tant qu’observatoire local des citoyens, concerné par les questions relatives à l’attribution et à la gestion des terres et des concessions minières dans leurs localités. En résumé, à travers cette association, les communautés concernées souhaitent garder un œil sur la gestion des ressources naturelles dans leurs localités, afin de préserver leurs droits et intérêts fonciers et de promouvoir le développement local, voire national.
Toutes ces dynamiques démontrent une véritable appropriation par les communautés des compétences acquises lors des sessions de renforcement des capacités.
Bref, comme leurs homologues du Sud, les populations riveraines du Centre ont pris le train en marche et sont plus que jamais déterminées à défendre leurs intérêts. Un suivi et un soutien continus, même au-delà de la période contractuelle du projet, sont d’une importance capitale si l’on veut atteindre les résultats escomptés. Autant d’éléments que l’Unité de gestion du projet doit prendre en compte dans le processus de mise en place du système de veille citoyenne identifié dans les différentes zones ciblées par le projet.
Par Clémence Martiale TABODO