Dans la région de l’Est du Cameroun, plus précisément dans le département de la Kadey, le phénomène d’abandon scolaire est de plus en plus inquiétant. En effet, les enfants, en particulier ceux âgés de moins de 13 ans, abandonnent leurs études pour travailler dans les mines d’or. L’exploitation minière artisanale illégale détruit progressivement l’intérêt des jeunes pour l’éducation, car beaucoup d’entre eux se sont tournés vers les mines pour échapper à la pauvreté. Les difficultés économiques ont contraint la plupart des parents à encourager leurs enfants à abandonner l’école et à se lancer dans l’exploitation minière en raison des avantages pécuniaires qu’ils en retirent. Ils sont souvent contraints de quitter l’école ou de combiner la fréquentation scolaire avec de longues heures de travail sur les sites. Malgré les conditions de travail dangereuses, de nombreux enfants sont prêts à prendre le risque pour tenter d’échapper à la pauvreté. Pour beaucoup d’enfants, le rêve de devenir grand n’est qu’un mirage lointain au prix de leur éducation. Lorsque les enfants atteignent l’âge de sept ans, 80 à 90 % d’entre eux abandonnent l’école et se dirigent vers les mines d’or pour gagner de l’argent.
Enfants mineurs à Bombe Chateau, région de l’est du Cameroun
À Bombe Chateau, une communauté minière de la région de l’est Cameroun, des milliers d’enfants passent leur journée dans des mines. Le raisonnement commun de la plupart de ces communautés minières est que l’éducation est une pure perte de temps comparée à l’argent rapide qu’ils gagnent chaque jour grâce à l’activité minière. Certains parents ne voient pas l’utilité de l’école. Nabele Sandrine, 7 ans, fait partie des enfants qui passent du temps dans les sites miniers. Lorsqu’on lui demande la raison de sa passion incessante, Sandrine répond qu’elle espère trouver un diamant et utiliser le produit de la vente pour construire une maison pour son père. Outre les mineurs qui s’adonnent à l’exploitation artisanale illégale, les sociétés minières embauchent également des travailleurs d’âge scolaire. Les enfants disent que c’est très lucratif, car les entreprises chinoises leur paient un dollar par jour pour le travail et une prime s’ils trouvent de l’or. De ce fait, les écoles, principalement primaires et secondaires, sont soudainement devenues vides.
Nabele Sandrine, 7 ans, cherche des diamants à l’aide d’une pelle.
Comme leurs parents, la plupart des étudiants ont été exposés à des méthodes d’exploitation minière et à des activités lucratives au détriment de leur éducation. Les sociétés minières chinoises exploitent non seulement leurs ressources naturelles, mais aussi leurs enfants. Afin de ne pas subir les frustrations de la communauté minière locale, les sociétés minières doivent généralement recourir à la responsabilité sociale des entreprises pour apaiser les communautés minières. Mais les entreprises chinoises ne construisent pas d’écoles pour les enfants, et de graves problèmes de santé et de sous-développement persistent. Lorsque les enfants mineurs creusent les lits d’eau, contaminant ainsi leur seule source d’eau potable, les Chinois refusent de leur fournir d’autres sources, comme la construction de puits. De nombreuses personnes sont tombées malades après avoir bu de l’eau contaminée, et d’autres sont mortes dans des glissements de terrain.
Un jeune garçon du village de Bombe Pana utilise une bêche pour chercher de l’or.
Les enseignants abandonnent les cours pour l’exploitation minière
La tendance alarmante des enseignants à abandonner leur profession pour s’engager dans des activités minières illégales est très préoccupante. Non seulement elle perturbe le système éducatif, mais elle expose également les enseignants à divers maux sociaux. Les bénéfices tirés de ces activités par les enseignants et les étudiants sont souvent dilapidés dans l’achat de drogues et d’alcool, ce qui contribue à la prévalence de la toxicomanie. Aussi, cela entraîne une augmentation de la prostitution et d’autres formes de désordres sociaux, ce qui est préjudiciable au bien-être général de la société. Il est essentiel de s’attaquer à ce problème et trouver des moyens de d’inciter les enseignants à abandonner ces pratiques. Car cela affecte non seulement leur propre vie, mais aussi l’avenir des enfants qu’ils sont censés éduquer.
Efforts du gouvernement pour empêcher les enfants de travailler dans les mines
Le travail des enfants dans les mines d’or du monde entier est un problème grave, qui touche au moins un million d’enfants âgés de 5 à 17 ans, selon l’Organisation internationale du travail,Il a pour conséquence de priver les enfants d’éducation et de compromettre leur parcours scolaire normal. Sonamines, la société minière nationale du Cameroun, a reconnu qu’il s’agissait de « l’une des pires formes » de travail des enfants, Car cela affecte les enfants sur plusieurs aspects : sanitaire, sécuritaire, physique, intellectuel et cognitif . Malgré les efforts de la compagnie pour décourager les enfants de travailler dans les champs de mines et améliorer leur éducation grâce au projet « zéro enfant dans les mines d’or », la triste réalité du travail des enfants dans les mines persiste.
Les dangers de l’exploitation minière nocturne et la lutte pour l’éducation
Au Cameroun, de nombreux jeunes gens perdent la vie chaque année dans les mines. Malgré les dangers et les risques, de nombreux sites miniers de l’État sont constamment une ruche d’activité, avec toutes sortes de personnes, y compris des marchands de nourriture et des dames de vertu facile, qui grouillent dans le voisinage. Une autre dimension dangereuse est l’exploitation minière nocturne, où ces enfants et ces adultes vont à la mine la nuit et restent sous terre jusqu’au lever du jour. De nombreuses personnes ont perdu la vie au cours de cette activité. Les enfants sont donc exposés à des modes de vie tels que la toxicomanie et la prostitution, ce qui pourrait compromettre leur avenir. Un autre défi consiste à convaincre les parents qui hésitent encore d’envoyer leurs enfants à l’école. Certains parents ne voient pas l’utilité de l’école. La région de l’est partage une frontière avec la RCA. De nombreux parents partent pour venir, et le mien est ici. Et beaucoup ne comprennent pas encore l’importance de l’éducation ».
Un besoin de changement
Il est essentiel de donner la priorité à l’éducation de ces enfants et de veiller à ce qu’ils aient accès à des environnements d’apprentissage sûrs et favorables. L’éducation est un droit fondamental et elle est essentielle pour briser le cycle de la pauvreté. Nous devons sensibiliser les parents et les tuteurs à l’importance de l’éducation et aux risques liés au travail des enfants. Le gouvernement et les autres parties prenantes doivent travailler ensemble pour créer un environnement favorable encourageant les parents à donner la priorité à l’éducation de leurs enfants. En plus de poursuivre la sensibilisation, les enseignants (dans le système éducatif) pourraient développer des approches d’apprentissage créatives. Les différentes parties prenantes devraient également équiper les écoles, car certains enfants/parents ont besoin d’aide pour s’acheter des livres et d’autres choses. Il est navrant de voir des enfants de sept ans quitter l’école pour travailler dans les mines, et nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour mettre fin à cette dangereuse tendance. Si le rêve de devenir riche est séduisant, la réalité est que ces enfants n’ont pas la chance d’apprendre et de se construire un avenir meilleur, nous devons permettre à ces enfants d’apprendre, de grandir et de créer un avenir meilleur pour eux-mêmes et leurs communautés. Ce n’est pas seulement le gouvernement ou les compagnies minières qui doivent s’attaquer à ce problème ; il est de la responsabilité de chaque individu et de chaque OSC d’agir et de faire la différence. C’est pourquoi RELUFA encourage le plaidoyer pour sortir les enfants des mines et les garder à l’école pour leur assurer un avenir meilleur, car les enfants sont les leaders de demain. Unissons-nous et créons un monde où chaque enfant peut recevoir une éducation et vivre une vie de dignité et de respect.