Au Cameroun, malgré l’évolution considérable du processus de réforme agraire, il semble que certaines parties prenantes, en particulier les journalistes et le grand public, ne soient pas impliquées et ne soient pas toujours conscientes des véritables enjeux. C’est pour cette raison que du 21 décembre 2020 au 25 janvier 2021, avec le soutien du projet LandCam, les journalistes ont mené des enquêtes sur divers sujets relatifs à la gouvernance foncière, en particulier sur :

  • La marginalisation des femmes dans l’accès à la terre
  • L’impact du conflit armé dans la région du Nord-Ouest Cameroun sur l’accès à la terre et les conditions de vie des éleveurs semi-nomades
  • Les mécanismes de résolution des conflits agropastoraux, cas du village Botombo dans l’arrondissement de Bokito, Région du Centre
  • L’accès à la terre par les réfugiés dans l’arrondissement d’Ouli, département de la Kadey, région de l’Est
  • Les défis liés à l’accès à la terre par les groupes minoritaires tels que les Mbororos et les pygmées
  • L’accès à la terre dans les sites d’exploitation minière artisanale par les femmes
  • L’impact de l’exploitation forestière à Oveng sur les communautés riveraines

 

Cela fait suite à l’appel à propositions lancé le 27 novembre 2020 par les journalistes pour produire des reportages d’investigation et des articles relatifs aux questions foncières et à la gestion des ressources naturelles au Cameroun.

Au cours de la semaine foncière qui s’est déroulée du 25 au 29 janvier 2021, le Réseau de lutte contre la faim (RELUFA) a organisé un atelier de restitution pour décerner des prix aux meilleurs articles et reportages produits par des journalistes travaillant sur les questions foncières au Cameroun. L’atelier a réuni des journalistes, des représentants d’organisations de la société civile, MINDCAF, MINMIDT, MINADER, MINEPIA et MINFOF.  Selon le coordinateur du RELUFA, Jaff Napoleon Bamenjo, l’objectif de cette activité est d’améliorer la compréhension et la couverture par les journalistes sur les questions de gouvernance foncière et de gestion des ressources naturelles au Cameroun.

Pour cette édition, Emmanuel Jules Ntap, correspondant de la Voix de l’Amérique (VOA) a soutenu le premier prix du programme de micro-subventions LandCam pour les journalistes. Son rapport sur les « mechnismes de résolution des conflits agropastoraux dans le village de Botombo dans la région du Centre, a attiré l’attention du jury alors qu’il présentait un cas clair de résolution pacifique des conflits entre les éleveurs de bovins de Mbororo et les agriculteurs. Il a émergé en premier devant Charles Tembei de CRTV qui occupait la deuxième position et Chick Maxcel Fokwen du Guardian Post qui occupait la troisième position.

À la fin de l’atelier de restitution, il existe un défi commun lié à l’accès à l’information lors de la collecte de données locales par des journalistes et d’autres acteurs, qui sont néanmoins censés être les personnes réelles pour fournir des informations sur les problèmes fonciers rencontrés au niveau local. De plus, les principales recommandations suivantes ont été formulées :

 

    • Reconnaitre les droits coutumiers des communautés rurales et autochtones ;
    • Consulter les groupes minoritaires dans le cadre des investissements fonciers et leur assurer une compensation adéquate ;
    • Prendre en compte les défis fonciers dans les lois et règlements des secteurs forestier et minier ;
    • Inclure une solution durable contre les conflits fonciers dans le package de solution de la crise socio-politique au Nord-Ouest et Sud-Ouest ;
    • Faciliter et accentuer la délimitation des zones agricoles et de pâturage ;
    • Rapprocher les services du MNDCAF des populations rurales.